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L'invention du paratonnerre

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    Jérémy Kinoa
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introduction

Pour déterminer avec certitude à qui revient l'honneur de l'invention des paratonnerres, il faut remonter jusqu'aux premières découvertes qui en ont été, pour ainsi dire, les préliminaires. On ne trouve rien dans l'antiquité qui ait quelque rapport avec cet objet, si ce n'est certains détails de construction, fruits du hasard et non de la science, auxquels le temple de Salomon, par exemple, dut, sans doute, de n'être jamais foudroyé. Vers le milieu du XVIIe siècle seulement, on devina l'analogie de l'étincelle électrique avec la foudre ; en 1749, l'académie de Bordeaux mit cette question au concours, et, en 1750, couronna l'ouvrage qui en donnait la démonstration.

traité des paratonnerres

lettres de Franklin à Collinson

La même année, Franklin écrivait de Philadelphie à Collinson, à Londres, les raisons qu'il avait de croire à cette analogie ; il fit ensuite connaître le pouvoir des pointes ; et le prouva par l'expérience, mais sans l'expliquer. Il annonça qu’une pointe de fer élevée doit écarter l'orage; mais ses idées étaient toutes spéculatives, et il ne leur avait pas encore donné la sanction de l'expérience.

Les lettres de Franklin furent lues en Europe avec enthousiasme, pendant que les savants anglais les accueillaient avec mépris et incrédulité. Les savants français, Buffon entre autres, qui fit traduire et publier ces lettres, puis Dalibard, Delor et l'abbé Mazéas, exécutèrent les expériences que Franklin indiquait, et obtinrent des effets électriques merveilleux par leur nouveauté, en se servant de barres de fer aiguës et isolées, qui donnaient en temps d'orage des étincelles (mai 1752). Ces expériences furent répétées devant Louis XV. L'appareil de Dalibard, à Marly, fut le premier qui donna des effets électriques en un jour d'orage. Lemonnier trouva qu'on pouvait tirer des étincelles des barres de fer, même par un temps non orageux.

premières expérimentations

Au mois de septembre 1752, Franklin, las d'attendre la construction d'un clocher élevé qui devait lui permettre de faire l'expérience de ses barres aiguës, fabriqua un cerf-volant qu'il fit enlever par le vent dans un ciel orageux : il n'observa d'abord aucun effet, et il désespérait déjà de prouver son hypo thèse, quand la pluie vint à tomber : la corde mouillée devint meilleure conductrice, et les effets électriques apparurent. La joie de Franklin fut grande, et son expérience fut la première confirmation de ses idées et de son système.

Un peu plus tard, le 7 juin 1753, de Romas faisait à Nérac une expérience semblable, mais mieux combinée et plus complète, en présence d'un public nombreux. Ayant pourvu sa corde d'un fil de métal, il obtint de son cerf-volant des effets magnifiques, qui menacèrent même de devenir redoutables. On ne sait si de Romas avait eu ou non connaissance du cerf volant de Franklin.

A peu près dans le même temps, le 6 août de la même année, le physicien Richmann, à Saint-Pétersbourg, ayant placé sur sa maison une barre de fer isolée, et y ayant attaché un conducteur métallique, qui communiquait avec son cabinet de travail et devait lui servir à répéter les essais faits en France et en Amérique, fut foudroyé pendant un violent orage.

confirmation expérimentale

Enfin, en 1760, Franklin, dont toutes les expériences tendaient à un but pratique, au lieu de s'arrêter uniquement aux faits brillants de la physique expérimentale, réussit à placer un paratonnerre sur la maison d'un de ses amis nommé West. Ce paratonnerre se composait d'une barre de fer d'environ 4 mètres (9 pieds 1/2) de longueur et de 12 millimètres 5 de grosseur (1/2 pouce), qui allait en s'amincissant ; une pointe de 25 centimètres (10 pouces) la surmontait ; à sa base était fixée une autre tige plus petite, de 6 millimètres 25 (1/4 pouce), liée elle-même à un conducteur métallique, lequel allait jusqu'au sol et s'y enfonçait de 1 mètre 50 à 2 mètres.

A peine ce paratonnerre fut-il installé qu'un orage violent éclata sur la ville et vint se briser contre lui. La pointe fut fondue sur une longueur de près d'un mètre, et la tige de dix pouces, qui reliait la barre au conducteur, réduite à sept pouces et demi de longueur. Il semblait que le ciel s'était fait le devoir d'essayer, en en prouvant l'efficacité, le paratonnerre de Franklin.